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Grève générale aux urgences d’Auch (32)

Illustration événement syndical

Il y a longtemps que l’on s’y attendait : un préavis de grève reconductible sine die sera déposé ce jeudi matin aux services des urgences du centre hospitalier d’Auch !

Si, juridiquement parlant, la grève prendra effet à compter de samedi minuit passée, elle ne se concrétisera réellement qu’à partir de lundi. Déjà, à l’automne dernier, les médecins urgentistes avaient envisagé un tel mouvement, puis l’avaient ajourné à la suite d’« espoirs » nés de concertations avec le directeur du centre hospitalier Julien Couvreur, mais aussi de l’intervention dans le dossier de l’organisation des urgences gersoises de l’Agence régionale de la santé (ARS), notamment interpellée par l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf, représentée par son délégué régional le Dr. Franck Becker).

« Il s’agit d’une grève générale de tous les personnels des urgences, médecins et personnels soignants, souligne le Dr. Monique de Brito (médecin au CH et déléguée départementale Amuf). Nous n’en pouvons plus que l’administration se moque de nous. Voilà des mois que l’on tire la sonnette d’alarme. »

20 heures d’attente

Et de préciser : « La situation est intenable. Nous sommes à 8,6 équivalents temps pleins alors que nous devrions être 23 ! Nous n’avons plus aucune bretelle de sécurité. La semaine dernière nous avons enregistré deux arrêts maladie ; lorsque le collègue affecté au Smur était de sortie, il ne restait plus qu’un seul médecin aux urgences pour quelque 70 patients ! Mardi, un patient a attendu 20 heures avant une prise en charge. Nous sommes dans une moyenne de 10 heures… On fait quasiment de la maltraitance. Sans parler de l’agressivité que ces situations engendrent. »

Le docteur Brito indique encore : « À partir de lundi, un accueil sera organisé avant l’entrée. Et tout ce qui ne relèvera pas de l’urgence véritable sera réorienté vers les médecins habituels des patients. Ou bien, on adressera le patient directement dans les services sans se préoccuper de savoir s’il y a des lits. Un sujet qui ne devrait d’ailleurs pas relever de nos fonctions. On ne peut pas garder un malade aux urgences sous prétexte qu’il n’y a pas de places… parce que l’on a fermé des lits. Il faut savoir que les urgences d’Auch ont le plus fort taux d’Occitanie de prise en charge des patients avant l’hospitalisation : 35 % contre 22  % en moyenne partout ailleurs. Les difficultés d’organisation des urgences, dues notamment au manque d’effectifs, s’insèrent aussi dans un problème global d’organisation et de moyens de l’hôpital. Tous les services sont aussi en souffrance. »

Le N°2 de l’ARS suit le dossier

Des bureaux de l’agence régionale de santé (ARS) à Toulouse, le lourd dossier des urgences auscitaines est passé rapidement sur ceux de Montpellier, soit la direction générale de l’ARS. Pour bien le signifier, la directrice générale en personne s’est rendue dans le Gers (Condom puis Auch) dans la nuit du 31 décembre. «Nous avons parfaitement connaissance des difficultés d’Auch, et conscience d’une situation préoccupante à tous points de vue, souligne le Dr. Jean-Jacques Morfoisse, directeur général adjoint. Il n’est pas normal d’assister à de telles difficultés. Et nous savons les efforts de tous les personnels comme des médecins libéraux pour assurer un équilibre très fragile. Nous avons essayé d’organiser un certain nombre de choses, mais ça ne suffit pas : il faut une analyse de fond pour établir un plan d’actions. C’est la mission de l’expertise qui sera menée par le Conseil national des urgences hospitalières, dirigée par le professeur Pierre Carli, patron du Samu Paris, et qui viendra dans le Gers, a priori, le 22 février. » Le N° 2 de l’ARS annonce aussi : « Dans l’attente, nous reviendrons rapidement à Auch pour nous mettre à l’écoute des personnels, faire une analyse et donner un plan de route au directeur par intérim. »

D’autres acteurs s’en préoccupent

La nouvelle préfète du Gers, Catherine Séguin, n’a pas tardé à prendre conscience que l’un des dossiers les plus préoccupants du département était celui des urgences : « Un sujet sur lequel je vais m’atteler rapidement ; c’est une priorité », a-t-elle confirmé ce mercredi matin à l’occasion des vœux organisés au SDIS. Ajoutant : « Les services parfois n’interviennent pas dans des délais normaux et ce n’est pas acceptable. »

Quant à Bernard Gendre, conseiller départemental président du SDIS 32, il a souligné sa grande inquiétude liée à la situation des urgences : « Les équipages partent de plus en plus la peur au ventre en se demandant s’ils auront ou pas le soutien du Smur ; les délais de réponse sont de plus en plus longs pour savoir qui viendra de Toulouse, Auch , Condom ou Agen. »

La Dépêche – En crise, le SMUR 32 sera « ausculté » par une mission nationale d’experts

Inquiétude concernant les urgences du Gers : le Dr Becker rassure

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