Nouveau certificat d’arrêt de travail : un scandale de plus
Dans la précipitation et sans concertation avec les prescripteurs (médecins, sage-femmes, dentistes), le gouvernement met en place une nouvelle procédure visant à fusionner les certificats d’arrêt de travail et d’accident de travail.
L’objectif annoncé est une simplification avec notamment la mise en place d’un téléservice mais selon des syndicats de médecins, il s’agit d’une nouvelle usine à gaz qui loin de rendre les choses plus faciles les compliquent, car visiblement les promoteurs de cette réforme ne connaissent pas la réalité du terrain. En effet, auparavant le formulaire de déclaration d’accident de travail comprenait l’arrêt de travail éventuel, mais ce n’est plus le cas. Maintenant en plus de la déclaration d’accident de travail, il faut aussi un arrêt de travail.
Par ailleurs certains cas de figure ont été oubliés. C’est le cas des prolongations après un arrêt de travail qui sont très fréquentes. Des patients restent en accident de travail mais peuvent mettre un terme à leur arrêt de travail alors que les soins se prolongent. Un exemple sont les soins de kinésithérapie après un lumbago. Il est alors possible de prolonger l’accident de travail en soins sans arrêt. Dans le nouveau formulaire, ce cas n’est pas prévu ce qui constitue une perte de droits pour la personne concernée car les soins liés à un accident du travail sont pris en charge à 100 %. Il existe par ailleurs un risque de violation du secret professionnel car un des volets sur lequel figure le motif médical est susceptible d’être transmis en ligne à l’employeur si ce dernier est l’Etat ou un hôpital car ces administrations gèrent elles-mêmes tout le dossier ! Sollicitée l’Assurance maladie répond que « dans le cadre de ce nouveau dispositif, les professionnels de santé ont été informés et seront accompagnés par les conseillers informatiques de ses services ».
Bref, une nouvelle fois, le constat est accablant car l’informatisation de certaines tâches crée de la complexité et une surcharge de travail administratif alors que les professionnels de santé se plaignent justement du temps perdu dans ces tâches au détriment de celui qu’ils doivent consacrer aux patients.
C’est désolant car l’outil numérique devrait justement avoir pour mission de gagner du temps et de la performance mais dans les mains de technocrates qui ne prennent pas en compte les besoins et les demandes des utilisateurs, c’est un désastre humain et financier. Visiblement, l’échec du dossier médical partagé pour lequel près d’un milliard d’euros a été dépensé en pure perte ne sert pas de leçon.
Peut-être que la cause est en rapport avec le choix fait par le gouvernement de ne plus travailler avec ses administrations et ses services publics mais de faire appel à des cabinets d’audit type McKinsey qui produisent de coûteux rapports élaborés en vase clos sans prendre en compte les avis ni des acteurs ni des usagers, comme cela a été le cas au début de la crise COVID.