La Montagne revient sur le passage à Riom de Christophe Prudhomme Porte-Parole de l’AMUF
De passage à Riom, le porte-parole des médecins urgentistes de France hausse le ton : « Les gens meurent dans les brancards » Cri d’alarme et colère aux lèvres.
Christophe Prudhomme, porte-parole des médecins urgentistes de France, souhaite éveiller les consciences, pour un électrochoc de toute urgence.Le monde hospitalier va mal, et le porte-parole des médecins urgentistes de France refuse le fatalisme.
Les services d’Urgences sont au bord de la rupture un peu partout en France, quel est votre ressenti ?
Aujourd’hui, les gens meurent dans des brancards. Les médecins urgentistes n’en peuvent plus. Les burn out, les arrêts de travail, les démissions s’accélèrent. Un neurochirurgien s’est suicidé au CHRU de Grenoble ! Ça suffit ! Pendant longtemps, tout le monde s’est tu, aujourd’hui c’est fini.
L’heure de la révolte a sonné ?
L’association des médecins urgentiste de France, à laquelle j’appartiens aux côtés de Patrick Pelloux, encourage tout le monde à arrêter de cacher la misère. Dès lors qu’un décès est lié à un défaut de moyens des Urgences, nous demandons aux familles de porter plainte. L’État est responsable. Il doit assumer.
En quoi l’État est-il attaquable sur le plan de la légalité ?
Nous sommes dans une République qui pose pour principe l’égalité de traitement médical de la population quelle que soit sa localisation. Or aujourd’hui, ce principe constitutionnel n’est plus respecté. C’est pourtant une obligation.
Le maillage territorial n’est selon vous plus assuré efficacement ?
Non ! On a fermé des services d’Urgences, des Smur car il existait une pénurie de médecins. Résultat, on a encore eu un mort dans l’Aude. La victime a attendu 45 minutes avant d’être prise en charge pour un infarctus car les Urgences voisines avaient fermé !
Le directeur de l’hôpital de Riom évoquait hier, la possible fermeture des Urgences la nuit…
C’est une mauvaise idée. Un service d’urgence doit être là au cas où… De jour comme de nuit. On n’est pas un centre de consultation. Si on ferme Riom, on va aller à Clermont mais à Clermont c’est déjà le bordel ! Et si on va plus loin, il faut savoir que le recrutement de l’hôpital de Riom repose à 60 % sur ses Urgences. Détricoter le système conduira à la fermeture de l’hôpital.
Parmi les idées reçues, l’engorgement des Urgences pour de petites pathologies est souvent pointé du doigt. Faut-il blâmer la population ?
Les patients qui viennent aux Urgences pour de petites pathologies ne sont pas le problème. Ils repartent avec une ordonnance. Personne ne vient pour rien. La plupart n’ont pas trouvé d’autres solutions. Dans certains coins, vous n’avez aucun de médecin de disponible.
La médecine libérale à la papa est morte. Les médecins veulent une activité variée et si possible dans des hôpitaux viables.
Quel public est selon vous victime du système ?
Ces quinquagénaires qui arrivent avec des tas de maladies chroniques et qui ne peuvent plus être pris en charge faute de lits. Car aujourd’hui, on nous demande de chercher des lits ! Ce n’est pas notre boulot, on n’est pas le groupe ACCOR ! Idem pour les personnes âgées qui dans 80 % ne viendraient pas nous voir si elles avaient une autre solution. On arrive, malgré nous, à une situation de maltraitance.
La désertification médicale aggrave-t-elle le tableau ?
La médecine libérale à la papa est morte. Les médecins veulent une activité variée et si possible dans des hôpitaux viables. Les Maisons de Santé sont une bonne chose sur le terrain. Mais aux Urgences, il faut améliorer les conditions de travail. On a tellement dégraissé que l’hôpital est à l’os. Il est grand temps d’arrêter de réduire les budgets et d’embaucher.
Avez-vous une solution financière immédiate ?
Oui, supprimer l’hérésie fiscale qui consiste à taxer les salaires des soignants dans les hôpitaux. Cela permettrait de récupérer immédiatement 4 milliards d’euros. Des solutions, il en existe à la pelle, ce qui manque ? C’est la volonté !