Paris au chevet du Samu 32
Les urgences gersoises sont en crise de longue date. En dehors des mesures de replâtrage, une réflexion de fond reste nécessaire. L’agence régionale de la santé (ARS) affirme qu’elle l’a engagée. Une mission d’experts nationaux prend en main le dossier.
Les urgences du Gers, et en particulier celles d’Auch, sont en état de crise depuis plusieurs mois maintenant. Des aménagements internes ont été réalisés pour remédier à la carence de médecins urgentistes, notamment, en «désarmant» depuis le premier novembre le SMUR de Condom la nuit au profit de celui d’Auch. La veille urgences du secteur étant assuré par Nérac.
L’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie vient de nous confirmer qu’à son initiative, une mission sera prochainement lancée. «Cette mission, conduite par le Conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH) présidé par le Professeur Pierre Carli, permettra de bénéficier, pour la mise au point de ces organisations, de l’appui d’experts nationaux», nous précise l’ARS. Et de signaler que : «Les résultats de cette expertise sont attendus au premier trimestre 2018.»
L’ARS convient que : «Assurer une prise en charge des urgences de qualité pour tous ne peut se faire qu’au travers de la mise en place de solutions organisationnelles nouvelles et efficientes.» Mais, ces solutions devront se faire attendre encore un peu…
Toutefois, l’ARS signale que, outre le rapprochement avec la plateforme du Samu 31 depuis le premier juillet dernier pour la prise en charge la nuit de la régulation téléphonique centre 15, «un renforcement des coopérations avec les départements voisins est engagé».
Les paramédicaux aussi
L’ARS développe ainsi le sujet : «Pour le nord du département, le centre hospitalier de Condom et celui de Nérac travaillent, avec les centres hospitaliers d’Agen et d’Auch, à organiser une complémentarité afin de garantir, dans la durée, pour chacun de ces territoires, une réponse quotidienne adaptée.» Il s’agirait donc de «mettre en place une organisation mutualisée solide, matérialisée par une équipe d’urgentistes de territoire.»
Le sud ouest du département est également concerné par cette réflexion, en raison en particulier de la fermeture du SMUR d’Aire-sur-Adour depuis plus d’un an : «Des travaux sont également ouverts avec les Landes, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées dans la perspective d’une amélioration de la couverture médicale urgente (SMUR).»
À l’annonce de ces dispositions faites par l’ARS les médecins urgentistes du Gers semblent rester dubitatifs : «Il y a urgence aux urgences, commente l’un d’entre eux. Là, nous sommes sur du moyen ou long terme.» Et de préciser : «Pour l’instant, une autre des solutions concrètes, a été de fermer le SMUR Condom la nuit depuis le premier novembre. Mais, depuis la même date, nous n’avons plus d’interne. Certains jours, on ne sait pas si on va bosser avec un tel ou un tel. Lorsqu’il y aura des trous sur le planning, comment ça va se passer ? Condom va-t-il aussi être sollicité ?»
Le médecin urgentiste insiste : «La grande crainte aux urgences reste pour les prochaines semaines, celle de l’hiver. Car, les urgences sont vraiment à bout.»
À noter que, par ricochet, les personnels du paramédical ont également l’intention de faire connaître leurs préoccupations grandissantes, notamment en distribuant des tracts en ville d’ici la fin de la semaine via l’une de leur organisation syndicale.
Le Dr. Patrick Pelloux à Auch?
Le 27 novembre se tient un conseil technique régional des urgences à Carcassonne. Selon nos informations, le Dr. Franck Becker, délégué régional de l’association des médecins urgentistes de France (Amuf) et depuis peu membre du conseil national de celle-ci, devrait en profiter pour insister lourdement sur le dossier du Gers. Il le fera en particulier l’après-midi lors de la réunion d’un groupe de travail urgences dans le cadre du Plan régional de santé. À l’issue de ces rencontres, selon les informations recueillies – ou pas – l’Amuf pourrait tenir une conférence de presse à Auch en présence de son porte-parole, le Dr Christophe Prudhomme ou de son président national, l’emblématique le Dr Patrick Pelloux.
Le chiffre : 6
médecins libéraux> formés «urgences». Les dispositions annoncées par l’ARS s’accompagneront d’une politique de développement des «médecins correspondants de Samu» : en collaboration avec les professionnels de santé libéraux et le SDIS32, six de ces médecins pourraient être formés par le Centre d’enseignement des soins d’urgence du Gers (Cesu de l’hôpital d’Auch dirigé par un médecin urgentiste condomois).