Communiqué de presse du 30.01.2009
L’AMUF dénonce un véritable scandale. Du jamais vu dans l’histoire des urgences: un médecin urgentiste a été empêché de réanimer un malade dans un commissariat hier soir. Nous dénonçons cet abus de pouvoir de la police et l’entrave à l’exercice de nos fonctions.
Mercredi 28 janvier 2009 à 19h00 le Dr M. , médecin urgentiste aux urgences et Smur de Château Thierry, qui a tous les diplômes validant ses compétences, a examiné un patient présenté par la police aux urgences pour un état d’ébriété. Conformément à la procédure, la police a ensuite conduit cet homme en garde à vue pour son dégrisement.
A 22h10, la police appelle le SAMU car la personne a fait un malaise grave en vomissant. A son arrivée, le Dr M. constate que l’homme est en arrêt cardiaque. Alors qu’il commence à le réanimer, le commissaire intervient et empêche l’urgentiste de travailler, le tutoyant (« Tu es le Dr, c’est toi qui l’a examiné aux urgences, tu l’as tué, je t’interdis de toucher au malade ») et lui interdisant de réanimer le malade ! C’est une entrave grave à l’exercice de la médecine d’urgence. Ils ont exigé que le médecin arrête, l’ont emmené au deuxième étage, laissant les pompiers et l’équipe de SMUR seuls!
Ils ont continué la réanimation et c’est alors que la police a fait venir un autre médecin, qui n’est ni du SAMU ni urgentiste, contre toute procédure du SAMU. Ce collègue a voulu injecter du potassium au malade, ce que l’infirmier du SAMU a heureusement empêché !
Le Dr M. a été écarté pour subir un interrogatoire. L’ambulancier a alors téléphoné au chef du service de la réanimation qui est venu, ainsi que le directeur de l’hôpital.
Au début, le commissaire a refusé de laisser le malade, intubé et ventilé, partir à l’hôpital. C’est après de véritables négociations que le malade a pu partir en réanimation. Mais il a fallu 2h d’audition pour que notre confrère soit relâché.
Le malade est toujours en réanimation dans un état grave. Notre confrère est très choqué et c’est pour cela que nous ne révélons pas son identité.
Cette affaire est extrêmement grave et témoigne d’un climat détestable dans le pays. Nous condamnons de la manière la plus ferme les agissements de ces policiers et demandons au gouvernement de faire cesser la répression des professionnel de santé comme à Valence en octobre et maintenant à Château Thierry. Nous demandons une commission d’enquête et un rendez-vous avec madame la Ministre de l’Intérieur et le Premier Ministre.