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L’Express- 01.12.2008 – Début de la grève des urgentistes

La grève illimitée des médecins urgentistes -sans risques pour les patients- débute ce lundi. Ils protestent contre la dégradation de leurs conditions de travail. D’autres syndicats hospitaliers sont prêts à suivre le mouvement.

L’Association de médecins urgentistes (Amuf) de Patrick Pelloux, qui avait le premier alerté publiquement des risques d’une mortalité massive lors de la canicule d’août 2003 (15000 morts), estime que la dégradation des conditions de travail des praticiens, liée à « l’étranglement financier » de l’hôpital, pourrait mettre en danger « la sécurité des patients ».

Dans un premier temps, l’Amuf avait évoqué un mouvement plus dur, avec une grève des soins urgents. Un responsable du syndicat avait même déclaré le 19 novembre que cela pourrait entraîner des « morts », avant que son organisation ne fasse aussitôt machine arrière. Finalement, la grève ne devrait pas avoir de conséquences sur les urgences. Elle pourrait en avoir pour certaines interventions programmées à l’avance, le directeur d’hôpital pouvant remplacer les urgentistes en grève par d’autres spécialistes, qui seraient alors moins disponibles pour leur travail habituel.

Suppression de « 20 000 emplois cette année »

Pour l’Amuf, « l’étranglement » de l’hôpital public va déboucher sur la suppression de « 20 000 emplois cette année », alors que des urgentistes sont invités à augmenter leur temps de travail de « 48 à 60 heures par semaine ». Dans ce contexte, souligne-t-elle, le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires » que doit examiner le Parlement en 2009, risque de parachever cette « destruction ». Ce projet, rendu public le 22 octobre, favorise les « regroupements » d’hôpitaux autour d’un établissement principal et la « coopération » du public avec les cliniques privées afin, selon la ministre de la Santé, Roselyne  Bachelot, de « garantir pour l’avenir l’accès à des soins de qualité sur tout le territoire ». Il réorganise aussi les hôpitaux en accroissant sensiblement les pouvoirs du directeur, qui pourra désormais être issu du secteur privé et embaucher des médecins avec des contrats plus « souples » prévoyant notamment une rémunération à « l’activité ».

D’autres syndicats hospitaliers prêts à se mobiliser

Estimant que le projet subordonne la santé au « financier », l’Amuf voudrait « élargir » son mouvement, d’autres syndicats hospitaliers se disant prêts à se mobiliser sous différentes formes contre la politique du gouvernement.

Chez les anesthésistes, une autre spécialité très présente aux urgences, un syndicat, le Smarnu, compte lancer une grève de soins non urgents à compter du 1er janvier, tandis qu’un autre, le SNPhar, « n’exclut rien » si le gouvernement « continue à nier le mécontentement des praticiens ». De son côté, la CPH, l’un des principaux syndicats de médecins, compte appeler aussi à une grève des soins non urgents en janvier pour obtenir le retrait des dispositions sur l’hôpital du projet de loi. En région parisienne, une intersyndicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) appelle d’ores et déjà à manifester le 9 décembre contre le danger de « démantèlement » de l’AP-HP, faisant notamment allusion au regroupement prévu des 38 établissements actuels en 13 « groupes hospitaliers ».

Cette « préfiguration » de l’application du projet gouvernemental relève, selon la CGT-santé, premier syndicat des hôpitaux, d’une « stratégie de casse idéologique » du public afin de permettre au secteur privé, l’un des plus importants d’Europe, de « prendre encore des parts de marché ».

Source : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/debut-de-la-greve-des-urgentistes_716526.html

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