Billet d'Humeur

La santé, c’est politique !

Le nouveau ministre de la Santé a montré qu’il n’était vraiment pas à sa place dans l’affaire de la réintégration des soignants suspendus par défaut de vaccination. En effet nous savons aujourd’hui que le vaccin contre la COVID-19 a un effet limité à la protection contre les formes graves de la maladie pour les personnes à risque que sont les plus de 60 ans et les immunodéprimées.

Autre élément important à prendre en compte est le fait qu’être vacciné n’empêche pas de transmettre le virus en cas de formes asymptomatiques, très fréquentes. Donc du point de vue médical et de santé publique, où la règle est de décider en fonction du rapport bénéfices/risques, la réintégration des suspendus ne pose aucun problème. Bien au contraire, les quelques milliers de soignants concernés permettraient, en reprenant leur poste, de limiter le nombre de fermeture de lits par manque de personnels.

La question est donc politique car le gouvernement et surtout le président de la République en font une question de principe et ne veulent pas reconnaître que leur politique autoritaire, avec la stigmatisation des non-vaccinés traités de « mauvais citoyens », est un échec. Bousculé à l’Assemblée Nationale, le ministre a oublié qu’il était médecin et a botté en touche en demandant l’avis d’experts médicaux sur la question. Pire, il se dédit car en août 2021, il déclarait « qu’il était scandaleux de ne pas réintégrer les soignants non vaccinés ».

Cet exemple montre que les médecins doivent rester des conseillers qui transmettent des avis qui peuvent parfois être divergents et que c’est bien au pouvoir politique de décider, en prenant en compte non seulement les données médicales mais aussi la situation sociale dans le pays. Le bilan de la crise COVID encore en cours reste à faire, mais nous pouvons constater que la diversité des procédures mises en œuvre selon les pays est la preuve que l’interprétation politique de données scientifiques a abouti à des décisions et surtout à des résultats sensiblement différents. Il faut bien reconnaître que les stratégies autoritaires ne sont pas celles qui ont apporté les meilleurs résultats.

Ainsi, si de nombreux médecins font de la politique, c’est bien dans ce domaine que doit s’exercer leur action et non pas en tant que professionnels spécialistes de la question. En effet, la santé ne peut être l’affaire uniquement de spécialistes, trop souvent empêtrés dans des enjeux catégoriels, mais constitue un bien commun qui nécessite en permanence un débat citoyen pour prendre en compte les enjeux individuels et collectifs qui doivent fonder les choix politiques à opérer.

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