Billet d'Humeur

Vers un effondrement de l’hôpital public

Les personnels de santé alertent depuis des années sur la situation de dégradation de l’hôpital public sans être entendus. Les quelques mesures prises dans le cadre du Ségur de la santé sont très loin d’être à la hauteur des besoins et la situation continue de s’aggraver comme le montrent des exemples récents. Les urgences du Centre hospitalier régional d’Orléans ont été obligées de fermer du fait d’une cascade d’arrêts de travail d’un personnel en épuisement professionnel.

Plus grave, à Strasbourg, un homme est mort sur un brancard aux urgences après 10 heures d’attente sans surveillance. Ce nouveau drame s’ajoute à tous ceux qui ne sont pas forcément médiatisés mais qui surviennent malheureusement trop fréquemment. Il faut aussi insister sur les milliers de lits fermés par manque de personnels. Et tout cela n’a rien à voir avec l’épidémie COVID-19 qui n’a été que le révélateur de la grande misère de nos hôpitaux. Ce ne sont plus de petits établissements qui craquent aujourd’hui mais les plus grands hôpitaux français.

Ceci est la résultante des politiques menées avec constance ces dernières années par les différents gouvernements, associant réduction du nombre de personnels formés, tant au niveau médical que paramédical, et étranglement financier se traduisant par des fermetures massives de lits. Ce qui est particulièrement révoltant sont les mensonges proférés par les différents ministres et présidents de la République depuis maintenant plusieurs décennies nous expliquant qu’il fallait privilégier le maintien à domicile des personnes âgées, les prises en charge ambulatoires, en stigmatisant les patients qui « viendraient pour rien aux urgences », alors qu’ils ont laissé aussi se dégrader la médecine de ville avec un nombre de généralistes très insuffisant, mal répartis sur le territoire et avec un mode d’exercice libéral ne répondant plus aux besoins de la population. Les conséquences sont aujourd’hui dramatiques pour la population qui n’arrive plus à se soigner correctement, sauf pour ceux qui peuvent se permettre de payer de très importants dépassements d’honoraires pour accéder à des circuits privilégiés de prise en charge.

Pour stopper cette casse organisée de notre système de santé dont l’objectif est d’aller vers un système à l’américaine piloté par le secteur marchand, nous avons besoin d’un changement politique radical.

Nos hôpitaux et plus globalement notre système de santé ne résisteront pas à cinq nouvelles années de poursuite et d’accélération des politiques libérales destructrices des services publics et de notre système de protection sociale solidaire.

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