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Soulager les urgences …

L’Amuf et SOS Médecins plaident pour une revalorisation des visites à domicile et du travail de nuit afin de soulager les urgences.

La baisse de l’attractivité des visites à domicile et du travail en horaire de permanence des soins ambulatoires (PDSA) a aggravé l’engorgement des urgences hospitalières, selon le président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Patrick Pelloux, et le secrétaire général de SOS Médecins et président de SOS Médecins Paris, Serge Smadja.
Le président de l’Amuf et le secrétaire général de SOS Médecins étaient entendus lundi avec le Dr Olivier Richard, chef de service du Samu des Yvelines, par la commission d’enquête du Sénat relative à la situation de l’hôpital en France.
Patrick Pelloux s’est fait l’écho d’une « situation très difficile sur la permanence des soins », en mentionnant « 70 services d’urgence ayant fermé, faute de moyens et notamment de médecins ».
Le président a également mis en avant la problématique d’une chirurgie « orthopédi[qu]e publique sinistrée », faute d’attractivité pour les chirurgiens qui préfèrent rejoindre le secteur privé afin d’obtenir de meilleures rémunérations et conditions de travail.
Enfin, l’urgentiste a souligné que les métiers de permanence des soins et métiers à garde souffraient d’une désaffection croissante car il s’agissait de professions « difficiles pour vieillir ».
Il n’a pas souhaité accabler le gouvernement de cet état de fait, en indiquant que le ministère des solidarités et de la santé s’était montré favorable à une meilleure rémunération des gardes lors du Ségur de la santé.
« Les syndicats de PH [praticiens hospitaliers] se sont opposés au ministère pour créer un autre échelon plutôt que de mieux valoriser les gardes », a-t-il regretté.


La suppression de l’obligation de la garde des médecins de ville de nouveau pointée

Pour Patrick Pelloux, la crise des urgences hospitalières trouve sa principale cause avec l’arrêt de l’obligation de participer à la permanence des soins pour des médecins généralistes: « Tout a été détruit en 2002 avec la fin de l’obligation de garde ».
« Si la médecine de ville ne fait pas mieux qu’elle ne le fait c’est parce qu’il n’y a pas assez de médecins et une baisse terrible de l’attractivité », a souhaité nuancer Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins et président de SOS Médecins Paris.
« Pour nous, la visite à domicile reste essentielle », a-t-il poursuivi en regrettant que ces actes ne soient pas plus valorisés, en évoquant notamment les décisions prises lors de l’adoption de l’avenant n°9 à la convention médicale de 2016 (cf APM VG8R031CU).
« Ils ont décidé de pratiquement doubler le montant de la visite à domicile pour les patients de plus de 4 ans en ALD [affection de longue durée] », a-t-il commenté, « c’est une très bonne idée, mais c’est seulement 4 fois par an pour le médecin traitant […], nous on était exclus ».
Le secrétaire général de SOS Médecins s’est montré plus réservé sur l’obligation des gardes pour la médecine libérale: « Il faut tout mettre en oeuvre pour qu’il y ait de l’attractivité, si vous mettez des obligations, vous n’y arriverez pas […], il faut majorer le déplacement des médecins ».
« La réponse est simple, c’est la revalorisation », a abondé le Dr Olivier Richard, chef de service du Samu 78 (Yvelines), « 35 € la visite à domicile, ce n’est pas possible ».
« Idem pour le travail de nuit et pas uniquement pour les médecins », a-t-il poursuivi, en rejoignant Patrick Pelloux dans son appel à revaloriser « les visites à domicile pour les médecins, les infirmières, les kinés, etc. »


Des solutions à chercher du côté des coopérations

Le Dr Richard a cependant défendu la possibilité d’obtenir une meilleure organisation des soins non programmés avec la mise en place du service d’accès aux soins (SAS), alors que son Samu fait partie des 22 sites pilotes.
« Le SAS nous permet d’offrir une consultation à des gens qui n’avaient pas accès à un médecin, mais il y a une autre temporalité, la temporalité des patients complexes, qui doit permettre une autre organisation des soins qui ne les conduisent pas forcément à l’hôpital dans des services débordés », a-t-il expliqué.
Dans le SAS des Yvelines sont ainsi sorties du champ sanitaire, pour développer des coopérations avec le médico-social, la gériatrie et la psychiatrie, en profitant notamment de « [l’]opportunité » que constituait la création des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Le SAS 78 profite également d’une coopération établie avec une « plateforme territoriale d’appui », issue d’une « construction pluripartenariale coordonnée par la médecine de ville » préexistante.
« Le SAS c’est une amélioration de la réponse pour les soins non programmés », a insisté le Dr Richard, en soulignant toutefois que le SAS ne constituait pas la seule réponse à l’engorgement des urgences: « Les centres de santé doivent être une solution à envisager, il ne faut fermer aucune porte et les solutions sont plurielles. »

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