Billet d'Humeur

Déprogrammation

Déprogrammation

Louise devait se faire opérer d’une prothèse de hanche début septembre mais son intervention avait été reportée en décembre du fait de l’encombrement du service de chirurgie. La reprise de l’épidémie a entraîné un nouveau report dans le cadre de ce que les autorités sanitaires appellent la « déprogrammation ». Ce mécanisme est utilisé pour soulager la tension hospitalière de vague en vague épidémique depuis deux ans, ce qui entraîne des retards de prise en charge de patients qui nécessitent des soins considérés comme non urgents. Mais ce qui ne représente pas une urgence pour les médecins est vécu différemment par les patients. En effet Louise, reste une femme dynamique de 70 ans, qui a vu ses activités entravées par des douleurs à la marche qui se sont aggravées ces derniers mois et limitent très fortement sa mobilité. Entre le confinement et son handicap croissant, vivant seule, elle reste cloîtrée au domicile et est devenue dépendante de son entourage pour faire ses courses et son ménage. Ne pas avoir de date pour son intervention, l’angoisse énormément. Tout ceci retentit sur son état psychologique et elle est devenue dépressive, ce qui a incité son médecin traitant à lui prescrire un traitement médicamenteux qui s’ajoute aux antalgiques qu’elle consomme en grande quantité sans obtenir un réel soulagement. Son médecin est très inquiet et a essayé de la faire hospitaliser sans succès du fait de l’encombrement de l’établissement où elle doit se faire opérer. Certes l’hôpital accueille les malades COVID, mais ces derniers sont au nombre de moins de 20 000 nationalement et le système est complètement bloqué. Cette situation était complètement prévisible car l’hôpital manque de lits de manière chronique depuis maintenant presque 20 ans et toute surcharge d’activité, même modérée, débouche sur une situation de crise aiguë. Ce qui est dramatique et scandaleux, ce sont les conséquences sur la situation des malades non COVID, bien plus nombreux que les COVID, qui voient leur état de santé se dégrader du fait de l’incapacité du système de soins de les prendre en charge de manière adaptée, en temps et en heure.

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