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Bretagne : les médecins de l’hôpital de Saint-Brieuc se mettent en grève

Ouest-France 12.08.2020

Saint-Brieuc. Le service des urgences surchargé, les médecins de l’hôpital se mettent en grève

Délais d’attente de plusieurs heures, patients qui dorment sur des brancards dans les couloirs… Les médecins urgentistes du centre hospitalier Yves-Le-Foll de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) déposent un préavis de grève illimitée, à compter de mardi 18 août 2020. Ils réclament, une nouvelle fois, l’ouverture de lits supplémentaires.

Le service des urgences de l’hôpital de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) enregistre un pic d’activité depuis le début du mois d’août et particulièrement depuis ce week-end. « Nous venons de connaître trois jours de suite plus de 200 passages, et même 238 patients lundi, la moyenne annuelle étant de 160 passages par jour », relève le Dr Christian Brice, urgentiste et délégué régional de l’Association des médecins urgentistes de France.

« Une atteinte à la dignité humaine de faire les toilettes de ses patients dans le couloir »

Cette forte fréquentation s’accompagne de longs délais d’attente pour les cas les moins graves et une surcharge du service. « Quatorze patients ont attendu plus de neuf heures et ont dormi sur des brancards dans les couloirs des urgences, poursuit le médecin. Parmi eux, il y avait deux personnes âgées de plus de 80 ans. » Une situation qu’il qualifie d’« indigne ».

« Il est inenvisageable et dangereux pour un hôpital de référence, comme le notre, d’admettre dans les couloirs des urgences des lits-brancards. C’est une atteinte à la dignité humaine de faire les toilettes de ses patients dans le couloir sur des brancards, et de ne pouvoir les alimenter. »

« Ce n’est donc pas un problème de fréquentation »

Invitant les usagers à ne se présenter aux urgences qu’en l’absence d’alternative, la direction du centre hospitalier Yves-Le-Foll explique cet afflux par la présence nombreuse de vacanciers sur notre territoire. Une explication qui ne convainc pas les urgentistes.

« Le problème n’est pas qu’il a trop de passages aux urgences, car nous pouvons les absorber, assure le Dr Brice. C’est que l’hôpital manque de lits d’hospitalisation, en aval. » Il en veut pour preuve les chiffres de l’Observatoire régional des urgences : ils font état d’une baisse de 5 % des consultations cet été par rapport à 2019. « Ce n’est donc pas un problème de fréquentation, insiste-t-il, mais on subit les effets de la perte de 60 lits à l’hôpital en dix ans. »

En juin, les urgentistes de Saint-Brieuc et leur syndicat l’Amuf réclamaient déjà la réouverture d’une trentaine de lits, ce qui correspond à une quarantaine de postes de soignants. « À cause de la distanciation face au Covid, les lits dits supplémentaires (un 3e lit possible en chambre de deux) ont été fermés. Mais on laisse des patients agglutinés dans les couloirs des urgences ! Ce n’est pas cohérent. »

« Dégradation de la qualité des soins et de nos conditions de travail »

Selon le Dr Brice, les enseignements de l’épidémie du printemps n’ont pas été tirés. « On a retrouvé la médiocrité de soins habituelle d’avant-Covid, on n’a absolument pas progressé. Le Ségur a apporté une revalorisation salariale nécessaire aux soignants mais ne change rien aux conditions de travail. On ne sera pas capable de faire face à une deuxième vague de Covid ! »

Un préavis de grève illimitée à compter de mardi prochain est donc déposé, ce jeudi, par l’Amuf et signé du collectif des 26 médecins urgentistes de l’hôpital.

« Compte tenu de la dégradation de la qualité des soins et de nos conditions de travail, nous demandons de façon ferme et définitive l’ouverture d’une unité de 30 lits pour compenser la perte des lits de médecine fermés depuis la survenue de la pandémie Covid, dans les plus brefs délais », déclare-t-il. Le service continuera à tourner, les urgentistes travailleront mais devront être réquisitionnés.

Écoutez l’interview du Dr Christian Brice sur France Culture 18.08.2020

( à partir de la minute 4:00)

À l’hôpital de Saint-Brieuc, les médecins urgentistes en grève jusqu’au 15 septembre

Ouest-France 20.08.2020

En grève depuis le mercredi 19 août 2020, 26 médecins urgentistes de l’hôpital Yves-Le Foll de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ont décidé de poursuivre le mouvement jusqu’au 15 septembre, faute d’accord avec la direction. Ils réclament l’ouverture d’une unité de trente lits pour accueillir les patients dans de meilleures conditions.

De gauche à droite, Marie-Emmanuelle Kerrand, Edin Gadzo, Pierre Kergaravat et Christian Brice, médecins urgentistes à l’hôpital Yves-Le Foll, réclament la création d’une unité de trente lits.

Une tête avec un smiley mécontent et une blouse blanche bariolée de revendications écrites au feutre noir. Gaston, la mascotte, symbolise la grève des urgentistes de l’hôpital Yves-Le Foll de Saint-Brieuc, débutée mercredi 19 août 2020. « La première grève dans un hôpital en France depuis la période post-Covid-19 », précise le Dr Christian Brice, urgentiste et délégué régional de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf).

À la base de ce mouvement, on retrouve « le boom estival », qui génère un afflux de patients aux urgences. Un pic d’activité pourtant « habituel » à cette période, qui a du mal à être absorbé cette année. « Mardi soir, huit personnes étaient agglutinées sur des brancards dans les couloirs. Certaines restent là pendant 12 h, voire 16 h, dénonce le syndicaliste. La semaine dernière, le père d’un soignant s’est réveillé le matin avec des escarres car il était resté trop longtemps allongé sur son brancard. On s’attaque à la dignité humaine. »

La direction reconnaît une « tension conjoncturelle »

Dans un communiqué de presse, la direction de l’hôpital dit partager ce constat de « tension conjoncturelle sur les capacités d’hospitalisation ». Et avance plusieurs raisons : une forte accidentologie routière qui entraîne des séjours plus longs, la fermeture de l’unité médecine de l’hôpital privé des Côtes-d’Armor le 3 août 2020, un moindre recours aux lits supplémentaires installés dans des chambres doubles en raison de l’épidémie de Covid-19…

Pour parer à l’urgence, « une unité de chirurgie traditionnellement fermée l’été a été rouverte par anticipation dès la semaine dernière et le recours aux lits supplémentaires en cas de besoin a été assoupli », annonce la direction.

De manière plus pérenne, l’établissement assure travailler sur « des scénarios d’installation de capacités supplémentaires de médecine ». Des pistes qui seront présentées le 15 septembre 2020 lors de la prochaine commission médicale d’établissement (CME).

« Ce sont toujours les mêmes discours »

« Ce sont toujours les mêmes discours, les mêmes fausses promesses. Cela fait quinze ans que cela dure, qu’on nous demande d’attendre en permanence », fustige le Dr Brice, qui réclame la mise en place rapide d’une unité de trente lits. Nous voulons un projet daté et signé. »

« À plus long terme, l’ouverture du bâtiment ambulatoire d’une surface de 6 000 m² permettra de libérer de la surface dans les locaux sur le site Yves-Le Foll et d’accueillir une unité saisonnière. Des premiers locaux devraient être disponibles en décembre 2021 » , avance la direction, qui a présenté ses arguments mardi 18 août 2020.

Pas convaincu, le collectif de 26 urgentistes, toujours réquisitionnés pour assurer la continuité des soins, a décidé de prolonger la grève jusqu’au 15 septembre. « Nous sommes pour l’instant dans une phase de réunion, de réflexion. Il nous faut rencontrer les syndicats, l’Agence régionale de santé… On ne sait pas encore si nous devons durcir la grève », conclut le Dr Brice.

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