Revue de Presse

Les Echos – La cocotte-minute hospitalière monte en pression

Illustration revue de presse

Revue de presse

A l’appel d’une grande intersyndicale, les maisons de retraite médicalisées feront grève ce mardi.Le plan pour les hôpitaux de la ministre Agnès Buzyn, prévu pour février, arrive dans un contexte de tensions et d’attentes très fortes, notamment autour du mode de financement des établissements.

La colère gronde dans les hospices civils de Lyon. Jeudi, la mobilisation prévue pour protester contre le transfert d’un service de transplantation hépatique s’est transformée en grève contre la dégradation des conditions de travail. « C’était émouvant, certains n’avaient jamais manifesté de leur vie. Les aides-soignants, les infirmiers et les médecins étaient côte à côte », témoigne Nicole Smolski, anesthésiste-réanimatrice. La syndicaliste (SNPHARe) en est persuadée, les hospitaliers sont si « écoeurés » que les divisions vont prendre fin.Selon elle, la fusion a commencé entre les spécialités médicales, la ville et la province, les hiérarques et la base – bref, tous les silos qui rendent la complainte de l’hôpital inaudible malgré des années de contrainte budgétaire et un fonctionnement parfois kafkaïen. Il suffit de lire le fil de discussion #balancetonhosto lancé en janvier sur Twitter par un praticien, devenu viral, pour en avoir un aperçu.

Capacités managériales

La pression monte dans la cocotte-minute hospitalière. Le cas des hospices civils n’est pas isolé. La CGT a recensé 120 mouvements sociaux dans les maisons de retraite médicalisées l’année dernière. A l’appel d’une grande intersyndicale,  elles feront grève mardi . « Il y aura du monde », a prévenu dimanche le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez dans un entretien au « Parisien ».Il ne se passe plus un mois sans que l’on apprenne le suicide d’un interne, d’un infirmier ou d’un médecin. Celui d’un neurochirurgien de Grenoble en novembre a focalisé l’attention sur le harcèlement à l’hôpital. Du coup, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a critiqué le manque de « capacités managériales » de certains établissements, ce qui a mis hors d’eux les syndicats patronaux. « Il y aurait 4.000 mauvais gestionnaires dans les établissements spécialisés ? C’est un peu court comme explication », proteste Frédéric Valletoux, de la Fédération hospitalière de France.

Les choses se corsent pour Agnès Buzyn. Elle-même praticienne hospitalière, la ministre jouit d’un a priori favorable à l’hôpital. Mais dans l’affaire des maisons de retraite médicalisées, elle n’a pas vu le coup venir et a dû débloquer 50 millions d’euros en improvisant un déplacement dans un établissement vendredi. Cela n’a pas suffi à calmer les syndicats. Le même jour, elle annonçait dans « Le Monde » « douze mesures d’urgence » pour la psychiatrie, « une priorité de santé ». Enfin, son plan pour les hôpitaux devrait être dévoilé en février.

Des attentes extraordinaires

Seulement, pourra-t-il contenter le monde hospitalier ? La ministre a créé des attentes extraordinaires chez les soignants avec ses déclarations dans « Libération », en décembre : « nous sommes arrivés au bout d’un système », a-t-elle affirmé, en expliquant que l’hôpital n’est pas une entreprise, et que le mode de financement des hôpitaux , c’est-à-dire des tarifs liés au volume de soins, « a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se concentrer sur des activités rentables ». Un mois plus tard, des pontes de la médecine dont le professeur André Grimaldi, soutenus par des cadres de santé, lançaient une pétition demandant la mise en place de nouveaux modes de financement.L’attaque contre la tarification à l’activité n’est pas étonnante, puisque le candidat Macron avait promis qu’il ramènerait le poids de la « T2A » à seulement la moitié du budget hospitalier. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 autorise d’ailleurs de futures expérimentations alternatives.

« Le discours est très volontariste, mais je n’ai pas l’impression que l’intendance va suivre », analyse le sociologue Frédéric Pierru, en rappelant que la T2A, initiée en 1982, lancée en 2003, n’est montée en charge qu’en 2008 ! « Même si l’on comprend l’intérêt de fonctionner en dotation globale pour les soins chroniques ou en prix à la journée pour les soins palliatifs, rien n’est prêt », souligne-t-il. Surtout, le mode de tarification peut changer, mais cela ne suffira pas à redonner de la latitude aux hospitaliers. Car l’enveloppe globale des hôpitaux fait l’objet d’un « verrouillage macro » très strict, sous le regard sourcilleux de Bercy, avec encore 1,5 milliard d’économies programmées en 2018.

Solveig Godeluck Pubié lEn savoir plus sur https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0301211629829-la-cocotte-minute-hospitaliere-monte-en-pression-2148652.php#h55KowiCqmYBKQr3.99
Partager ce contenu
Activer les notifications OK Non merci