Revue de Presse

Patrick Pelloux, président de l’AMUF : «On va vers la déshumanisation de l’hôpital»

Entretien avec Patrick Pelloux recueilli par Daniel Hourquebie pour la Dépêche

Comment jugez-vous le nouveau projet d’économie du gouvernement qui doit encore pressurer l’hôpital ?

C’est dramatique. Le projet de loi de financement de sécurité sociale (PLFSS) fait l’unanimité contre. Très sincèrement, nous ne voyons pas où nous allons encore pouvoir faire des économies, c’est impossible ! Impossible déjà à l’hôpital, de prendre un rendez-vous dans des délais raisonnables, c’est très compliqué pour un IRM, et pour une consultation e spécialiste. Le projet qui vise clairement à supprimer l’emploi, parce que la masse salariale coûte le plus cher, est complètement contradictoire avec les exigences des métiers du secteur sociomédical qui a besoin de personnels pour bien rendre les services attendus. Tout ce qui peut l’être a déjà été fait lors des 15 dernières années.

 

Vous évoquez le poids de la technostructure dans la décision…

L’hôpital est à l’os. Les gens le savent, ça leur parle. Ce qui commence à devenir évident, c’est que la ministre Mme Buzyn s’inscrit dans une politique de l’hôpital entreprise, très macronienne, une politique libérale, qui conduit à la casse du service public de l’hôpital. La ministre a eu une formation et une expérience hospitalière avant de faire carrière dans les institutions technocratiques mais l’hôpital d’aujourd’hui n’a justement plus rien à voir avec celui qu’elle a connu. Aujourd’hui, on mesure le poids de la technostructure qui gère l’hôpital, une technostructure déconnectée des soins au malade.

Comment appréciez-vous son idée de développer la chirurgie ambulatoire ?

Très mal. C’est le pendant de la fermeture de lits annoncée. Quand la ministre dit qu’elle va développer la chirurgie ambulatoire, cela signifie que le patient vient, on l’opère et il repart. Ce n’est valable que pour les gens bien portants, qui ont un logement, des personnes pour s’occuper d’eux à domicile. Le développement ambulatoire ne prend pas en compte les personnes isolées, les plus pauvres. Du côté des Hôpitaux de Pais, on indique aussi qu’on va développer les hôtels autour des établissements. On va vers la déshumanisation de l’hôpital, vers une utilisation consumériste de l’hôpital…

Où en êtes -vous sur le plan des urgences ?

Nous savons que nous allons vers un regroupement. D’accord pour initier la modernité des services de secours du XXIe siècle en regroupant pompiers Samu, police gendarmerie, mais en tout cas, pas au détriment des patients. Notre marge de manœuvre, c’est de s’asseoir à la table des négociations.

Au final, comment jugez-vous la politique de Mme Buzyn dans sa globalité ?

On a l’impression qu’elle défait tout ce qui a été fait par Marisol Touraine qui l’a précédée au ministère. Quand on voit qu’Agnès Buzyn repousse aujourd’hui la généralisation du tiers-payant, tout est dit.

 

Entretien avec Patrick Pelloux recueilli par Daniel Hourquebie pour la Dépêche

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