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Hospimédia – 23.01.2003 – RTT MÉDICALE Le mouvement des urgentistes prend de l’ampleur

Le mouvement de grève des médecins urgentistes de l’hôpital de Tarbes-Vic en Bigorre (Hautes-Pyrénées) fait boule de neige. Des conflits ont éclaté mi-janvier dans les services d’urgences de Poissy ou d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne. Association et syndicat de médecins urgentistes mobilisent leurs adhérents.

 » Nous sommes les seuls salariés en France à ne pas connaître notre temps de travail. Avec l’entrée en vigueur de la directive européenne, c’est la nébuleuse en matière d’application des textes. Et pour les services de soins continus, le temps hebdomadaire n’est toujours pas défini « , déplore Jean-Marc Pujo, praticien hospitalier aux urgences de Tarbes. Les médecins urgentistes de Tarbes, en grève depuis le 17 décembre, jugent impossible de travailler 48 heures comme le stipule la directive européenne et le décret d’application du 6 décembre 2002. Ils déclarent travailler entre 70 heures à 80 heures par semaine et réclament la création de 15 nouveaux postes pour un service qui enregistre 32 000 admissions par an.  » Le gouvernement a décidé une rémunération forfaitaire du temps additionnel au-delà des 48 heures, et ce sur la base du volontariat. La directive date de 1993, personne n’a pris les mesures nécessaires pour assurer la qualité des soins aux urgences. Les médecins seront assignés par les directions et s’il y a un souci, on leur reprochera d’avoir travaillé plus de 48 heures « , ajoute Jean-Marc Pujo. De plus, les urgentistes de Tarbes estiment que la direction de l’hôpital s’apprête à leur rémunérer 48 heures de travail sur la base de 39 heures, ce qui représente selon Jean-Marc Pujo une perte d’environ 600 euros par mois. Les médecins ont durci le mouvement de grève depuis quelques jours, en refusant de travailler sans réquisitions préfectorales. Ils étaient jusqu’alors assignés par la direction de l’hôpital à leurs postes.

L’Amuhf demande la création de 3 000 postes

 » Il manque actuellement 3 000 médecins urgentistes en France. Nous sommes très inquiets car nous avons l’impression que la RTT va devenir un outil de restructuration de l’offre hospitalière, avec une offre de qualité en zone urbaine et une offre dégradée en zone rurale « , ajoute Frédéric Pain, secrétaire général de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France ( Amuhf). Si des budgets ne sont pas débloqués pour la création de poste, l’Amuhf envisage en février de demander à ces 1500 adhérents de refuser de travailler plus de 48 heures et de ne prendre en charge que les urgences absolues. Le Syndicat des urgences hospitalières ( SUH) précise quant à lui dans un communiqué qu’il   » sera particulièrement vigilant vis-à-vis  des directions d’hôpitaux déjà tentées ça et là par des interprétations sauvages des textes « . A l’hôpital de Poissy, dans les Yvelines, les urgentistes se sont également mis en grève depuis le 14 janvier pour demander la création de postes mais aussi la transformation des postes précaires.

A Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, un conflit a éclaté entre la direction de l’hôpital et les urgentistes après que ceux-ci aient annoncé une fermeture du service le 23 janvier, le quota de 48 heures hebdomadaires ayant été atteint. Le mouvement de grogne s’étend donc et les médecins urgentistes sont d’ores et déjà rejoints dans leurs revendications  par les anesthésistes-réanimateurs.

Joëlle Maraschin 

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